Ce soir-là, le père Caussé de La Rivière, quand il eut rentré ses moutons, s’aperçut qu’il lui manquait le plus gros. Et notre homme repartir tout seul, le long du ravin et par les travers.
A chaque pas il appelait : Mê, mê, mê ! Mê, mê, mê ! Mê, mê, mê ! Pas de réponse. Le père Caussé descendait toujours. Il sentait déjà la fraîcheur du Viaur.
Mê ! Mê ! Mê ! Un animal bêlait derrière le taillis. Le père Caussé s’approcha et aperçut, empêtré dans les ronces, un mouton, un gros mouton, son mouton.
Le père Caussé le dégagea, mais le mouton ne tenait pas debout. Il avait les pattes en sang. Pauvre bête ! Je te porterai…
Et le père Caussé prit le mouton sur les épaules et remonta le long du ravin. Plus il montait, plus le mouton pesait. Le père Caussé soufflait, transpirait, haletait et se courbait à en avoir les reins cassés.
Tout d’un coup, de l’autre côté du Viaur, une voix s’écria : Mon petit Drac ! Hé ! Mon petit Drac ! Où es-tu, mon petit Drac ? Sur la nuque du père Caussé le mouton s’agita, leva la tête et répondit :
« Je suis ici, cahoté sur le dos du voisin ! Je suis ici ! »
Le père Caussé se retourna, prit son élan et vlan ! Précipita le mouton au plus profond du ravin.
Mais avant de toucher terre, l’animal en fumée se dissipa : Ha ! Ha ! Ha ! Ha !
Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Répondit un autre mauvais rie, de l’autre côté du Viaur. C’est ainsi que les fils du Drac se divertissaient.